lundi 27 février 2012

Celui qui vient, poème de Claude Caro

Celui qui vient

A l'aube de cet instant de temps universel,
Cet instant si bref mais à notre mesure,
Puissions-nous sagement déchiffrer l'écriture :
Les signes romanesques de notre épopée.
Et puis croiser nos mots et, sans croiser le fer,
Broder l'étoffe de nos rêves au va et vient
De nos libres échanges fraternels, et nouer
En vol, pour l'évasion, l'échelle virtuelle.
Libres enfin, infiniment ivres d'au-delà,
Libres penseurs clairvoyants, posés au bord du temps,
Un temps crépusculaire épinglé d'alertes existentielles.
Soyons de ceux qui font la part plus belle
A celui-là qui vient, tout ébroué de vent,
Partager notre joie commune et immortelle.
Avec Vladimir Maïakovsky,
Nous ne serons pas qu «'un nuage en pantalon » .
Nous maintiendrons un pied dans la porte
Puisqu'après nous d'autres humains viendront
Pousser vers l'azur l'humanité plus forte.
Avec Aragon, dans Les poètes , nous reprendrons en coeur :
« J'entends, j'entends, le monde est là
Il passe des gens sur la route.
Plus que mon coeur je les écoute.
Le monde est mal fait, mon coeur las.
Faute de vaillance ou d'audace
Tout va son train rien n'a changé
On s'arrange avec le danger
L'âge vient sans que rien ne passe.
Au printemps de quoi rêvais-tu
On prend la main de qui l'on croise
Ah mettez les mots sur l'ardoise
Compte qui peut le temps perdu.
Tous ces visages ces visages
J 'en ai tant vu des malheureux
Et qu'est-ce que j'ai fait pour eux
Si non gaspiller mon courage.

A Carcassonne le premier Janvier 2012

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